C’est une affection hématologique due à un parasite sanguin microscopique ou protozoaire transmis par certaines tiques.
Ce protozoaire du nom de piroplasme appartient au genre Babesia d’où le nom de babésiose également donné à la piroplasmose.
Le piroplasme le plus répandu est Babesia canis, mais il en existe d’autres comme Babesia gibsoni ou Theileria annae : tous n’ont pas la même virulence.
Les tiques porteuses de piroplasmes ou babésies sont en particulier Dermacentor reticulatus et Rhipicephalus sanguineus. Ces tiques sont des acariens qui vivent dans les buissons et les arbustes. Elles sont présentes en forêt et dans les jardins surtout à l’automne et au printemps, mais également au cours d’un hiver doux ou d’un été pluvieux.
Le Sud-Ouest et la périphérie du Massif Central sont les régions les plus touchées. Mais on dénombre de multiples autres foyers dont notre région fait partie.
Le protozoaire est inoculé à l’occasion de la « morsure » d’une tique au cours de laquelle en prenant un repas de sang, elle contamine le chien par le biais de sa salive infectée.
Une fois inoculé, le sporozoïte (la forme infestante de Babesia canis) pénètre dans les globules rouges où il se multiplie et les fait éclater pour coloniser de nouveaux globules rouges et ainsi de suite …
Il en découle une anémie, une chute des plaquettes et en raison de la libération de l’hémoglobine dans le sang, de graves complications hépatiques et rénales. Chaque année des chiens décèdent des suites de cette maladie.
Il est donc primordial d’éviter que les tiques s’accrochent sur l’animal et démarrent leur repas de sang.
Une étude de 2018 révèle que la piroplasmose peut être transmise en seulement 8 heures après la « morsure » contrairement aux 24-48 heures usuellement annoncées.
Il est donc absolument nécessaire de retirer les tiques le plus rapidement possible avant qu’elles commencent à se nourrir.
Les tiques peuvent aussi être contaminées dès leur naissance, les larves issues des œufs pondus par une tique contaminée étant elles-mêmes contaminées.
La transfusion, même si elle est moins fréquente que chez l’Homme, peut être un autre mode de transmission. Il faut lui appliquer la même vigilance que chez l’humain en choisissant un donneur en bonne santé.
Les signes de la maladie les plus fréquemment observés sont :
- Refus de manger
- Refus de jouer, de sortir et une très grande fatigue
- Température supérieure à 39°C
- Urines foncées (couleur café)
- Couleur des muqueuses (intérieur des babines) rose pâle proche du blanc
Il existe des formes atypiques avec des symptômes respiratoires, cardiaques, digestifs, neurologiques, musculaires, cutanés, hémorragiques …
Si votre chien est piqué par une tique, il faut la retirer le plus rapidement possible à l’aide d’un crochet à tique : tout stress subi par l’acarien favoriserait une inoculation plus rapide des parasites potentiels (ne pas utiliser l’éther).
La période d’incubation (le temps que met l’animal à développer la maladie à partir du moment où il a été piqué) est de 2 à 15 jours.
Comme il est impossible de savoir si une tique est porteuse ou non, tout chien piqué doit être surveillé pendant 15 jours minimum. Si l’un des symptômes apparaît, il faut consulter un vétérinaire le plus rapidement possible.
Pour confirmer la maladie, des analyses sont nécessaires. La mise en évidence au microscope des parasites à l’intérieur de certains globules rouges permet un diagnostic de certitude. Mais dans certains cas, il faut recourir à des examens plus compliqués et donc plus coûteux en laboratoire spécialisé comme la PCR qui recherche de l’ADN. Mais même cette technique moderne ne permet pas une détection de la maladie à 100%.
Le traitement consiste en l’administration d’une ou plusieurs injections d’un produit qui détruit les piroplasmes. Des soins complémentaires peuvent se rajouter en fonction de l’état de l’animal (antibiotiques, anti-inflammatoires, hospitalisation pour effectuer des perfusions, protecteurs hépatorénaux…).
Attention ! Il existe un risque de rechute une dizaine de jours après le traitement : des injections seront donc à renouveler.
Comment prévenir la maladie :
Le vaccin
Il existe un vaccin contre la piroplasmose qui se pratique en dehors des vaccins classiques du chien.
Il se fait à partir de l’âge de 5-6 mois sur un animal en bonne santé qui n‘a jamais eu la maladie. Si un chien a eu la maladie il faut attendre 3 mois avant de démarrer la vaccination.
Il est conseillé de la débuter au moment où le risque saisonnier est le plus faible, c’est-à-dire en hiver ou en été.
Le vaccin consiste en deux injections à un mois d’intervalle, puis un rappel une fois par an à vie.
Il est important de savoir que le vaccin protège votre chien à 60-70 %.
Les formes développées avec le vaccin seront généralement moins sévères. Le vaccin diminue donc le risque de contamination mais ne l’exclut pas et il n’empêche pas le chien d’attraper des tiques.
Les antiparasitaires externes
Il existe de nombreux produits sous différentes formes.
- Les colliers efficaces dans l’ensemble mais qui peuvent s’avérer insuffisants dans des zones très infestées ou sur certains animaux. Ils protègent durant plusieurs mois.
- Les sprays à pulvériser. Attention de respecter le nombre de pulvérisations par kilo et la fréquence : un peu fastidieux à utiliser, ils sont souvent mal employés.
- Les pipettes dont le contenu est à déposer sur la peau de l’animal, 1 fois par mois ou tous les 3 mois.
- Les comprimés à faire avaler tous les mois ou tous les 3 mois.
ATTENTION : tous les produits ne s’utilisent pas à la fois sur le chien et sur le chat.
Précisez l’espèce que vous souhaitez traiter car vous risqueriez de très graves intoxications.
Précisez également l’âge de votre animal, son poids et s’il a des pathologies spécifiques car il peut y avoir des contre-indications.
Une chimiothérapie préventive
Elle se fait par injection. L’injection du produit en quantité assez importante est douloureuse et peut entraîner des vomissements. La méthode est sensée assurer une protection de 4 à 6 semaines.
La piroplasmose existe chez le chat mais elle est très mal connue et rarissime en France. Si un chat présente une anémie, elle doit être cependant écartée.
Si vous voyagez avec votre chien en Europe, sachez qu’elle est présente dans le nord et l’ouest de l’Espagne, l’Europe centrale et orientale jusqu’aux pays baltes. En Angleterre, des cas ont été récemment signalés.
CONCLUSION
La piroplasmose est une maladie grave qui peut laisser de graves séquelles (surtout rénales) et être mortelle.
Ce n’est pas parce que votre animal a déjà souffert de la maladie qu’il sera immunisé. A chaque fois qu’il sera « mordu » par une tique contaminée, il développera une piroplasmose.
Après chaque promenade, je vous conseille d’inspecter votre animal scrupuleusement et de retirer toutes les tiques présentes avant qu’elles aient eu le temps de commencer leur repas.
Utilisez des antiparasitaires actifs contre ces acariens et de bonne qualité toute l’année car il n’y a plus de saisonnalité.
Vous pouvez également réfléchir au vaccin qui ne dispense par des antiparasitaires.
Sources :
https://www.esccap.fr/maladies-vectorielles/piroplasmose-babesiose.html
https://www.fregis.com/infos-sante/piroplasmose-babesiose-chez-chien/
Encyclopédie vétérinaire – la Babésiose en France – médecine générale 2200
Cet article a été sélectionné et rédigé par le Dr CARRERE