Votre chat griffe, que faire ?

Les griffades du chat sont l’objet de questions fréquentes bien que ce comportement soit naturel.

Il peut être à l’origine de nuisances notables et coûteuses. Il peut également devenir pathologique chez le chat anxieux.

En tant que propriétaire, vous êtes vite désarmé quant à la conduite à tenir. Il n’est pas opportun de supprimer ce comportement alors qu’il convient juste de le ramener à une intensité raisonnable et surtout de le réorienter sur des supports adaptés (griffoirs).

Le chat est un animal territorial dont l’équilibre repose essentiellement sur l’organisation de son lieu de vie.

Dès l’âge de 3 mois environ, le chat organise son espace en différentes zones :

  • Champ d’isolement (zones de sommeil et de repos, d’observation)
  • Champ d’élimination (litière ou zones de jardin)
  • Champ d’alimentation (gamelles)
  • Champ de vie sociale
  • Champ de jeu, de chasse …

Un chat totalement libre choisit et délimite ses champs lui-même. Le chat domestiqué, en revanche, se voit souvent imposer certaines contraintes : vous fixez souvent les emplacements des gamelles et de la litière.

De plus, dans une maison où vivent plusieurs chats, ceux-ci vont devoir organiser leurs différents champs territoriaux et trouver un compromis acceptable pour cohabiter.

Comment marquer son territoire

Le dépôt de phéromones (messages olfactifs), par le marquage facial (frottement des joues sur les surfaces) et les griffades, permet au chat de baliser son territoire. Le marquage délimite les champs territoriaux ainsi que les chemins qu’il emprunte préférentiellement pour se rendre d’un champ à un autre. Le dépôt de phéromones a un effet auto apaisant pour le chat. Par ailleurs, le marquage (facial ou par griffades) participe à la communication de cette espèce.

Les griffades, en plus de déposer des phéromones d’origine podale, permettent aussi une communication visuelle par les marques verticales qu’elles produisent.

Pour le chat qui griffe mais aussi pour ses congénères, les griffades permettent de signifier « ici, c’est chez moi ». Il est donc normal que les chats déposent de préférence leurs marques par griffades sur des supports visibles.

Les griffades, qui restent discrètes lorsque le territoire du chat est stable et en l’absence de conflit, délimitent le plus souvent le champ d’isolement, de repos et d’observation (griffades sur le tapis au pied du lit où dort le chat, sur les bords de son fauteuil, sur le montant du meuble sur lequel il se repose) ou les bornes du territoire : un chat d’appartement peut ainsi effectuer des griffades à proximité des fenêtres ou des portes (d’autant plus s’il voit passer des congénères à l’extérieur).

Un chat de maison peut griffer certains troncs d’arbres, ou d’autres éléments du jardin.

Toute perturbation de l’équilibre du chat va l’inciter à augmenter le marquage comme pour le restaurer.

Les principales causes d’augmentation des griffades sont :

Les troubles liés à des perturbations territoriales

Modification de l’accès à certaines zones du territoire intérieur ou extérieur, déménagements, départ en vacances, travaux, modification du mobilier, déplacement de la litière ou des gamelles, organisation incohérente du territoire (gamelles et litière trop proches par exemples), nettoyage systématique des marques faciales du chat sont autant de causes d’augmentation des griffades, en réaction à ces perturbations territoriales déstabilisantes.

Les troubles de la cohabitation entre chats

Introduction d’un nouveau chat, passage intempestif de congénères dans le jardin ou devant les fenêtres, réintroduction d’un congénère habituel après un séjour en pension, un toilettage ou une chirurgie (donc modification des phéromones), sont également des facteurs déstabilisants auxquels le chat peur réagir en augmentant les griffades.

Les troubles de la cohabitation avec d’autres espèces

Présence de visiteurs humains ou animaux, départ d’un membre de la famille dont le chat était très proche, nouvel arrivant au foyer (bébé, nouveau conjoint).

Les troubles de la relation avec les maîtres

Modifications des habitudes de la maison (changements d’horaires de travail par exemple) et surtout punitions qui viennent aggraver le processus de déstabilisation.

Les affections médicales

(traitements hormonaux, maladies douloureuses, affections gériatriques …) qui peuvent déstabiliser le chat sans cause extérieure.

On note que tous les chats n’ont pas la même sensibilité aux changements : certains sont parfaitement tranquilles et acceptent facilement de nombreuses variations alors que d’autres y sont très sensibles et facilement déstabilisés.

Pour prévenir l’amplification du marquage par griffades, il est important de respecter quelques principes fondamentaux

Toute modification de l’organisation de la maison, comme un simple changement de mobilier, est potentiellement déstabilisante.
Le dépôt de marques faciales et quelques griffades est nécessaire pour qu’un chat puisse s’auto-apaiser dans son environnement.

L’organisation du territoire du chat, telle qu’il l’a choisie, doit être respectée autant que possible.
Lors de modification inévitable (travaux, déménagement), vous pouvez anticiper en utilisant du Feliway® (phéromones apaisantes de synthèse) avant d’amener le chat dans le nouveau lieu, pour lui laisser le temps de retrouver son équilibre, ce qui peut durer de quelques jours à quelques semaines.
Le chat peut avoir des difficultés à accepter de vivre avec de nombreux congénères dans un espace restreint ; la punition n’est jamais une bonne solution avec les chats : elle accentue le déséquilibre du chat et donc risque d’augmenter encore le marquage. La relation avec le maître en pâtit toujours.
Il est par contre possible d’interrompre le chat pour lui faire faire autre chose.
L’utilisation du Feliway® spray ou diffuseur peut être très bénéfique lors de perturbations momentanées.

Lorsque les griffades deviennent pathologiques

Et qu’elles s’amplifient tout en perdant leur pouvoir apaisant et structurant le chat bascule dans un état anxieux qui n’est plus spontanément réversible et il n’arrive plus à retrouver son équilibre émotionnel. L’excès de griffades peut être le seul symptôme, mais il va le plus souvent s’accompagner d’autres signes tels que :

  • L’augmentation de l’agitation.
  • L’augmentation de la vigilance avec des peurs soudaines ou une inquiétude permanente.
  • L’apparition d’agressivité ou au contraire une attitude de retrait et d’isolement.
  • L’apparition de marquage urinaire (sur support vertical) ou de malpropreté (élimination inappropriée hors de la litière.
  • L’augmentation du marquage facial.
  • L’apparition de symptômes physiques (vomissements, diarrhée, cystite), modification de toilettage.

Il est alors temps de consulter et de ne pas perdre de temps afin de rendre rapidement au chat l’apaisement qui semble lui faire défaut.

Il fait ses griffes ?

      Combien de demandes de « coupe de griffes » cachent en fait des griffades indésirables ? S’il est important de surveiller la pousse excessive des griffes, notamment chez les chats âgés, il est important de prévenir les propriétaires que des griffes plus courtes ne vont sans doute pas empêcher les chats de réaliser des griffades : ce comportement n’a pas pour effet principal de limer les griffes mais bien de marquer son territoire (marques visuelles et olfactives).

Il est donc possible d’affirmer que le chat griffera tout autant même si ses griffes sont courtes !
Les protège-griffes peuvent être utiles dans ces cas et pour protéger les personnes fragiles (bébés, personnes sous anticoagulant …). Ils sont généralement applicables sans anesthésie par les propriétaires qui savent couper les griffes. Ils sont toutefois assez onéreux car ils ne tiennent en place que six semaines environ.

Rappelons que l’ablation des griffes du chat est interdite en France, au même titre que la coupe des oreilles chez le chien.

S’il est difficile d’empêcher un chat de déposer ses marques par griffade, il est en revanche possible de l’aider à choisir un nouveau support.

Quelques conseils

  • Ne jamais punir le chat !
  • Proposer un griffoir au chaton dès son adoption,
  • Placer un griffoir en évidence près des zones griffées (si le griffoir est caché, il n’a pas d’intérêt pour le chat qui cherche à produire des marques bien visibles).
  • Placer le griffoir à proximité de la zone de repos et/ou des baies vitrées par lesquelles il peut regarder à l’extérieur.
  • L’encourager à l’utiliser ce support en choisissant une texture adaptée, chaque chat peut avoir ses préférences mais une texture suffisamment épaisse est généralement nécessaire : par exemple un bout de moquette striée, placé verticalement avec un retour au sol pour que le chat puisse y poses ses postérieurs pendant qu’il griffe avec ses antérieurs.
  • L’encourager à utiliser le support choisi, en l’enduisant d’une odeur attirante, par exemple celle de l’olive, en frottant le griffoir avec des noyaux…
  • Le caresser lorsqu’il s’en sert si le chat apprécie les caresses …

Inspiré de la newsletter comportement n°2 mai 2013 zoopsy/ceva.

Cet article a été sélectionné et rédigé par le Dr CARRERE

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