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Intoxication par le cannabis

Le saviez-vous ?

 L’intoxication d’un animal au cannabis peut correspondre à des situations très différentes en fonction du produit en cause : marijuana, cannabis à usage médical, cannabis de synthèse…La sévérité des symptômes diffère en fonction des produits consommés et, pour ceux issus de la plante Cannabis, de leur teneur en THC.

L’intoxication par le cannabis et ses dérivés

« Cannabis, CBD, THC… » : de quoi parle-ton ?

Le cannabis est une plante (Cannabis sativa ou Cannabis indica) qui contient principalement deux composés actifs :

  • Le THC (delta-9-tétrahydrocannabinol) qui induit des effets psychotropes.
  • Le CBD (cannabidiol) qui n’induit pas d’effets psychotropes

En pratique, un appel pour un animal « exposé à du cannabis » peut correspondre à des situations très différentes en fonction du produit en cause

Marijuana

Cette drogue, dont les appellations sont très variées

Ex. « beuh », « weed », « zamal », « hasschisch », « h », « shit » …), peut se présenter sous forme « d’herbe », de résine ou d’huile ou de beurre utilisé dans des préparations culinaires « maison ». La concentration en THC varie de manière très importante entre ces présentations : si elle est en moyenne de 10 à 15 % dans l’herbe et la résine (un joint de 1 g contient en moyenne 150 mg de THC), elle atteint 30 % (voire 50 %) dans l’huile ou le beurre de cannabis.

Cannabis à usage médical

A ce jour en France, seuls deux produits (SATIVEX® et EPIDYOLEX®) contenant du THC et/ou du CBD peuvent revendiquer des allégations thérapeutiques. La prescription de ces médicaments est strictement limitée à l’homme pour des indications très ciblées.

Produits non médicamenteux à base de cannabidiol

De nombreux produits contenant du CBD sont commercialisés en France sur Internet ou dans des boutiques spécialisées : huile, fleur de cannabis (fortement dosée en CBD), gélule, liquide pour cigarette électronique, produits cosmétiques, produits alimentaires, suppositoires, graines, compléments alimentaires pour animaux… Pour être légaux, ces produits ne doivent contenir aucune trace de THC. Néanmoins, en pratique, il n’est pas rare d’être confronté à des produits vendus illégalement et contenant des concentrations variées (et peu prévisibles) de THC.

Cannabis de synthèse

Le cannabis de synthèse (aussi appelé « spice », « herbe chamanique » …) n’est pas extrait d’une plante. Il ne contient d’ailleurs pas de THC mais des molécules qui imitent les effets psychotropes du cannabis et dont l’affinité pour les récepteurs cannabinoïdes de l’organisme est plus importante que celle de la marijuana. Le cannabis synthétique est ainsi plus puissant, plus dangereux et plus addictif que le cannabis naturel.

Le cannabis de synthèse se présente le plus souvent sous forme d’un mélange de plantes séchées sur lesquelles une solution de cannabinoïdes de synthèse a été pulvérisée. Il peut également être vendu sous forme d’encens, de poudre ou d’e-liquide pour cigarette électronique. Ces produits portent toujours la mention « Not for human consumption » (non destiné à la consommation humaine)

A quelle toxicité s’attendre ?

La sévérité des symptômes diffère en fonction du produit consommé et, pour ceux issus de la plante Cannabis, de leur teneur en THC.

Marijuana et cannabis à usage médical contenant du THC

La DL50 du cannabis naturel n’est pas connue chez le chien ou le chat ; toutefois, on estime que l’ingestion de 3 à 9 g de la plante Cannabis par kg d’animal peut être mortelle.

L’absorption après ingestion est lente mais favorisée par l’ingestion d’un repas riche en graisse. Les premiers symptômes apparaissent dans l’heure suivant l’exposition et comprennent :

  • Des troubles neurologiques : léthargie, dépression, ataxie, hypersensibilité au toucher et/ou aux bruits, mydriase. Plus rarement, on observe de l’agitation, de l’agressivité ou un nystagmus. La survenue de convulsions ou d’un coma est rare.
  • Des troubles digestifs : salivation, vomissements (en particulier si le cannabis était sous forme d’herbes).
  • Des troubles cardiorespiratoires : bradycardie ou, plus rarement, tachycardie, hypotension et bradypnée.
  • Une incontinence urinaire.

Le décès de l’animal est extrêmement rare. L’animal peut récupérer en 24 heures ; toutefois, les symptômes peuvent persister plusieurs jours en raison de la demi-vie longue du THC (5 jours sont nécessaires pour éliminer 80 % du THC ingéré).

Cannabis de synthèse

La DL50 du cannabis de synthèse n’est pas connue chez l’animal. Elle semble d’autant plus difficile à prédire que la concentration en produit psychoactif est très aléatoire d’un lot à l’autre.

L’affinité du cannabis de synthèse pour les récepteurs aux cannabinoïdes est nettement plus élevée que celle du cannabis naturel. Sur le plan clinique, cela se traduit par une symptomatologie plus fréquente et plus marquée (chez l’homme, la puissance d’effet du cannabis de synthèse peut être 200 fois supérieure à celle du cannabis naturel). Les symptômes attendus chez l’animal comprennent :

  • Des troubles neurologiques : hyperesthésie, trémulations, myosis, ataxie, convulsions, agressivité, coma, trémulations, opisthotonos…
  • Des troubles cardiorespiratoires : tachycardie, hypertension, apnée.
  • Une acidose respiratoire.

Chez l’homme, des cas d’insuffisance rénale aiguë ont été rapportés après consommation de cannabis de synthèse. Le pronostic dépend de la gravité des symptômes et de la réponse aux traitements. Il est réservé lors de convulsions ou de troubles cardiaques sévères. L’animal peut récupérer en 24 heures ; toutefois, les symptômes peuvent persister plusieurs jours en raison d’une demi-vie deux fois plus longue du cannabis de synthèse que celle du THC.

Cannabidiol

Les produits à base de cannabidiol semblent être extrêmement bien tolérés si leur teneur en THC est nulle. Aucun symptôme particulier n’est attendu chez un animal exposé ponctuellement à un surdosage. La survenue de troubles neurologiques doit évoquer une teneur non nulle du produit en THC…

Quel traitement mettre en place ?

Lorsque l’ingestion est récente et que l’animal ne présente pas de troubles neurologiques, il est conseillé de faire vomir puis de donner du charbon végétal activé. Toutefois, le cannabis étant un puissant antiémétique, l’induction de vomissements peut échouer.

Cette décontamination doit être mise en œuvre si les conditions suivantes sont réunies :

  • L’animal a ingéré une quantité non négligeable de cannabis naturel ou du cannabis de synthèse
  • L’ingestion est relativement récente (< 1h)
  • L’animal ne présente pas de troubles neurologiques contre-indiquant les vomissements (convulsions, coma, dyspnée…).

La prise en charge est ensuite symptomatique :

  •  Anti-vomitifs.
  •  Fluidothérapie pour lutter contre l’hypotension et favoriser l’élimination urinaire même si minoritaire par rapport à l’élimination biliaire.
  • Surveillance de la température corporelle.
  • Limiter l’agitation.
  • Anticonvulsivants.
  •  Contrôler la fréquence cardiaque pour éviter la bradycardie.

Consulter votre vétérinaire afin de mettre un traitement en place.

Sources : TVM du 03.12.2020 – Elodie LECOINTE-ADAMCZYK (Dr vétérinaire – CNITV)

BIBLIOGRAPHIE :

[1] Brutlag A, Hommerding H. Toxicology of Marijuana, Synthetic Cannabinoids, and Cannabidiol in Dogs and Cats.
Veterinary Clinics of North America : Small Animal Practice. nov. 2018 ;48(6) :1087-102.

[2] Le dico des drogues [Internet]. Drogues Info Service. [cité 25 août 2020]. (https://www.drogues-info-service.fr/Tout-savoir-sur-les-drogues/Le-dico-des-drogues)

[3] Cannabidiol (CBD) le point sur la législation [Internet]. [cité 25 août 2020]. (https://www.drogues.gouv.fr/actualites/cannabidiol-cbd-point-legislation)

Cet article a été sélectionné et rédigé par le Dr Carrère

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