Comment appliquer et suivre correctement son traitement ?

Comme chez l’homme, les traitements antibiotiques mal conduits sont inefficaces et peuvent induire des résistances bactériennes.

En adaptant à nos animaux de compagnie le slogan « les antibiotiques, ce n’est pas automatique » le ministère, les vétérinaires, les pharmaciens souhaitent rappeler qu’un antibiotique est prescrit par votre vétérinaire dans des circonstances bien précises, et que la dose du médicament, la longueur du traitement doivent être respectées scrupuleusement.

Les antibiotiques ne sont pas les seuls médicaments qui nécessitent cette vigilance particulière.

Les médicaments vétérinaires suivent une procédure de mise sur le marché. C’est un organisme scientifique, l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire (Anses) qui, avec le Ministère chargé de l’Agriculture délivre « une autorisation de mise sur le marché » (AMM).

Cette procédure est identique pour tout médicament, qu’il soit destiné à l’homme ou à animal. Un nouveau médicament, pour qu’il puisse apporter ses bénéfices à nos animaux, met plusieurs années pour franchir les différentes étapes importantes qui garantissent sa fiabilité auprès de ses futurs utilisateurs vétérinaires, pharmaciens, maîtres et, surtout animaux.

Diagnostic … et traitement

Après un examen clinique, parfois complété d’examens complémentaires (analyses de sang, radiographie, échographie …), le vétérinaire établit un diagnostic. Lorsque l’état de votre animal l’exige, il donne un certain nombre de conseils pour le guérir ou améliorer son état. Il s’agit de mettre en pratique plusieurs types de mesures possibles :

  • Concernant son activité physique

Un chien cardiaque, par exemple, doit la réduire, éviter les démarrages brutaux ou les courses trop longues.

  • Hygiéniques

Les soins dentaires, les shampoings, le nettoyage de plaies … sont des gestes simples qui évitent ou réduisent les risques d’infections.

  • Nutritionnelles 

Les progrès réalisés ces dernières années ont été immenses. De nouveaux aliments sont adaptés à chaque âge, à presque chaque circonstance physiologique ou pathologique.

  • Médicamenteuses

Le vétérinaire rédige une ordonnance sur laquelle figurent les médicaments à rendre avec des recommandations importantes

La quantité d’informations transmises lors de la consultation et l’émotion qu’elles suscitent parfois ne facilitent pas la bonne compréhension. Ne pas hésiter à recontacter votre vétérinaire pour qu’il explique les points qui ne sont pas clairs.

Vous avez dit posologie et durée de traitement ?

Sur l’ordonnance, votre vétérinaire indique la dose du médicament et son rythme d’admission. Cette posologie doit toujours être associée à une durée de traitement, ces deux paramètres étant à suivre avec assiduité pour que le médicament soit efficace. Là encore, après la consultation, il faut demander des compléments d’informations si un doute subsiste.

L’observance : une notion fondamentale

L’observance thérapeutique se définit comme la façon dont un patient suit, ou ne suit pas, les prescriptions médicales et coopère à son traitement. Ce n’est pas toujours facile mais notre volonté à l’être doit s’appliquer à nos animaux. L’attention que vous porterez à l’observance sera récompensée par une belle amélioration de vie de votre compagnon.

L’industrie pharmaceutique a facilité considérablement la prise du médicament en créant des médicaments dont le « goût » permet d’attirer votre chien ou votre chat. C’est un grand service pour le maître. Le revers de la médaille est de ne pas laisser trainer les médicaments. Le chien ou le chat peut alors les consommer goulument et subir les inconvénients du surdosage.

L’observance : mode d’emploi

Il n’est jamais facile de donner un médicament à un animal ! deux, un véritable pari et trois, c’est un exploit ! Répondre aux exigences de l’observance, c’est d’abord savoir s’organiser. Voici quelques points à considérer avec votre vétérinaire, votre environnement familial et votre animal :  

  • Quelle est la meilleure forme pour votre animal (comprimés, gélules, sachets, solutions buvables, injections …) ?

Le plus souvent, ce sont des formes orales qui vous seront proposées. Tous les médicaments ne sont pas disponibles sous forme solide ou liquide mais lorsque c’est le cas, il est préférable de renseigner votre vétérinaire sur ce que votre animal est prêt à accepter, surtout si le traitement est prévu pour être très long. Certains médicaments n’existent que sous forme injectable comme l’insuline : pas de panique, il existe toujours des solutions et apprendre à injecter n’est pas si difficile. Quand on sait que la vie de l’animal est en jeu, les obstacles, souvent psychologiques, tombent.

  • L’ordonnance est-elle bien comprise ?

Nous vous conseillons aussi de lire attentivement comme pour vos propres médicaments la notice. C’est le document officiel visé par l’Anses. Même si c’est écrit « en petit », ne la jetez pas : elle contient des informations précieuses qui pourront faire l’objet de discussions avec votre vétérinaire.

  • Conserver son médicament à la maison ?

Un lieu de stockage des médicaments à l’abri de l’accès de l’animal et des enfants est à prévoir. Si le médicament doit être conservé au frais comme l’insuline, placez-le au réfrigérateur, en prévenant toute la famille.

  • A quel moment dans la journée, le traitement sera-t-il donné ?

C’est une des clés de la bonne observance. Il doit l’être à des heures fixes, dans un lieu constant, avec à proximité l’ordonnance qui peut être relue à tout moment. Avant, pendant ou après les repas ? Certains médicaments pouvant être moins efficaces s’ils sont ingérés avec l’alimentation et d’autres, au contraire, être moins bien tolérés s’ils ne sont pas associés à elle. Les « anti-inflammatoires », par exemple, peuvent provoquer des troubles digestifs s’ils sont donnés en dehors des repas. Une astuce : pour lutter contre l’oubli, des « rappels » peuvent être envisagés sur la porte du réfrigérateur, sous réserve qu’elle n’affiche pas déjà une quantité impressionnante de « penses bêtes » !

  • Vous éprouvez des difficultés à donner un médicament à votre animal ?

Il refuse de le prendre et vous avez tendance à abandonner. Il est préférable de « ruser » ou de trouver des solutions alternatives (pâtés, friandise préférée …). Il existe de petits dispositifs (lance-pilule, seringues …) qui peuvent faciliter la distribution des comprimés ou liquide divers. Attention aux précautions à prendre dans ce cas. Il sera important de les envisager avec votre vétérinaire.

Tous ces conseils sont à adapter à l’espèce (chien et chat ne se ressemblent pas, et encore moins à une tortue), la race et l’âge (les anciens sont souvent moins patients) … Chaque cas est bien particulier et « aucune recette » n’est universelle !

Et s’il présente des signes inhabituels ?

Nous l’avons dit, un médicament a toujours deux facettes : l’une bénéfique, l’autre capable de provoquer des effets dits « indésirables ». Un certain nombre sont répertoriés dans la notice mais d’autres peuvent ne pas être encore reconnus. C’est pourquoi, il existe en France un système très performant de pharmacovigilance pour recueillir ces informations, via les vétérinaires, les pharmaciens et les laboratoires.

Et si ça ne fonctionne pas ?

Si l’animal ne guérit pas. Il est nécessaire de contacter le vétérinaire qui fera à nouveau les examens nécessaires pour faire évoluer le traitement. En attendant, gardez à l’esprit que cela peut se révéler dangereux de l’arrêter trop tôt, d’en augmenter les doses ou la durée.

Et si ça recommence …

La plupart des médicaments ne sont délivrés que sur ordonnance mais si des médicaments restent après un traitement, il ne faut surtout pas les réutiliser sans avoir une nouvelle ordonnance. L’automédication est un des pièges majeurs pour vous et votre animal qui peut conduire à des situations graves et parfois irréversibles.

Attention également à ne pas utiliser des médicaments pour humains en essayant de les adapter en fonction du poids de votre animal car il existe des particularités spécifiques à chaque espèce voire même au sein de celle-ci à certaines races. L’aspirine ou le paracétamol peuvent ainsi tuer un chat. Ou encore des antiparasitaires externes que vous utilisez chez le chien sont capables d’entrainer le décès d’un chat. Certains médicaments qui soignent une grande majorité de chiens sont fortement contre- indiqués chez le colley (et les races assimilées) et d’autres encore, chez le chihuahua. En conclusion avant de tenter quoique ce soit, il est toujours possible de joindre un vétérinaire qui vous dira si votre idée est judicieuse : demander conseil avant de commettre l’irréparable.

En conclusion

La guérison dépend en grande partie de la bonne observance de l’ordonnance : prendre les bons médicaments, à la bonne dose et le temps nécessaire. L’obstacle majeur à cette observance est la réticence de l’animal à prendre son traitement. La solution se trouve toujours dans le dialogue entre vous et l’équipe vétérinaire.

 Sources : Dr Jean-François Rousselot et Juliette Andréjak

Cet article a été sélectionné et rédigé par le Dr CARRERE

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