Oui, mon chat a aussi du flair !

Si l’Homme dispose d’environ 5 millions de cellules olfactives, le chien en est crédité de 150 millions et le chat encore plus avec 200 millions de cellules olfactives.

Il perçoit ainsi les odeurs bien mieux que nous et encore mieux que le chien ! Le chat aurait ainsi la capacité nécessaire pour effectuer comme le chien un travail d’enquêteur mais sa performance pour l’obéissance le disqualifie d’emblée.

La finesse de son nez est telle qu’elle lui permet non seulement de capter les changements climatiques mais aussi de sentir l’inconfort moral ou physique de personnes qui lui sont proches : des odeurs différentes sont émises lors de dépression ou de maladie.

On se souvient tous de l’avoir vu sur nos genoux ou sur notre poitrine à un moment difficile de notre vie : c’est sa façon à lui de nous réconforter. Il a même été rapporté que certains chats étaient capables de « prédire » le décès imminent de pensionnaires de maisons de retraite : on les voit s’allonger contre le mourant et refuser de le quitter. Eux seuls ont la possibilité de percevoir les odeurs qui accompagnent la fin de vie.

Le chat dispose aussi d’un don particulier : il peut concentrer les odeurs pour mieux les analyser. Pour le mettre en action il fait une drôle de grimace qui le fait paraître un peu « bébête ».  La lèvre supérieure est relevée voire retournée, la gueule est ouverte avec des mouvements rapides de la langue, le nez froncé et le regard fixe.

Ce comportement est appelé le flehmen du mot allemand qui signifie « retrousser la lèvre supérieure ». Notre « matou préféré » partage cette attitude avec d’autres espèces : le tigre et le lion, le cheval et le zèbre, la vache et la chèvre, la girafe et le wapiti, certaines chauves-souris et les serpents. En français, on dit que le chat « muse ».

Cette mimique étrange lui permet de fermer les narines et d’inspirer l’air par la bouche. Ainsi les phéromones véhiculées dans l’air ou sur un substrat peuvent stimuler l’organe voméronasal ou organe de Jacobson spécialisé dans leur concentration.

Cet organe se situe chez lui entre le palais de la bouche et le septum du nez, juste derrière les incisives. Constitué de multiples récepteurs chimiques, il envoie les informations vers l’hypothalamus du système nerveux central qui les décode.

Chez nous humains, l’organe de Jacobson n’est quasiment plus fonctionnel.

Un petit rappel : les phéromones sont des molécules chimiques spécifiques à chaque espèce animale transmettant des signaux innés. Ils permettent la communication entre individus et la régulation des comportements sociaux. Les phéromones fournissent des informations sur l’identité du sexe, le statut reproducteur (mâle entier, femelle en chaleurs), la localisation des petits…

Toutes les odeurs ne sont pas analysées de cette manière mais le chat peut utiliser cette particularité pour savoir s’il peut manger un aliment ou non. Le sens de l’odorat est ainsi étroitement lié à celui du goût. Si le nez dit « non » alors le chat dédaigne son repas.

En conséquence, une dégradation de son sens principal lors d’un coryza sévère ou d’une atteinte du nerf olfactif (tumeur, traumatisme crânien) peut être dramatique pour sa santé car elle entraîne une anorexie. Son pronostic vital est alors assombri.

On peut utiliser cette spécificité olfactive en cas de disparition ou de fugue. Si le chat est perdu, plutôt que d’agiter le paquet de croquettes, il est conseillé de sortir le bac à litière souillé avec les urines, car il peut le sentir de très loin et l’utiliser comme une balise pour rentrer à la maison.

Avec un nez aussi fin et délicat, notre petit félin est très sensible aux odeurs. Certaines le rendent hystérique tandis que d’autres l’irritent.

Parmi celles qui l’attirent, on trouve :

  • L’olivier et ses fruits : Une branche d’olivier et vous le voyez la mâchonner, la triturer, la griffer dans tous les sens.

L’oleuropéine contenue dans cet arbre agit comme un générateur de chaleurs. Si son griffoir habituel est désaffecté au profit de votre canapé ou de vos meubles, pensez à lui faire cadeau d’un tronc d’olivier car cela pourrait résoudre votre problème de griffades.

L’ouverture d’un bocal d’olives peut le rendre fou, à se rouler par terre pour demander l’aumône de quelques fruits.

  • L’eau de javel : Son pH ou acidité est proche de celui ou celle de l’urine d’un autre chat, le poussant ainsi à ressentir une impérieuse nécessité de couvrir cette odeur étrangère.

Ceci explique pourquoi si vous nettoyez une surface (qu’il aurait sali par exemple) avec de l’eau de javel, il retournera marquer (ou uriner) dessus. En revanche vous pouvez utiliser cette attirance pour nettoyer son bac à litière qu’il fréquentera ainsi avec une plus grande assiduité et une plus grande constance.

Attention, ne pas laisser traîner de l’eau de javel car le produit est toxique. En cas d’ingestion, consultez en urgence votre vétérinaire.

  • La cataire ou herbe à chat : Elle agit sur beaucoup de félins comme une drogue. Il est fréquent qu’on les voit se rouler dedans, la mâchonner le temps que l’effet se dissipe avant de reprendre le cours normal de leurs occupations.
  • La valériane : Elle provoque des effets quasi similaires mais en moins importants.

Parmi les odeurs qui l’importunent voire l’agressent, on identifie :

  • Les agrumes tels que les oranges et les citrons.

Ils contiennent de l’acide citrique et des huiles essentielles irritant le système digestif de l’animal. Une grande quantité est nécessaire pour le rendre malade, aussi préfère-t-il s’en détourner.

  • Il évite aussi la banane qui contient beaucoup de potassium
  • Certaines épices le font fuir comme le poivre moulu, la moutarde, le vinaigre blanc qui peuvent sans danger servir de répulsifs.
  • Les parfums des déodorants, des savons, des produits ménagers, des huiles essentielles sont également trop fort à son goût et souvent l’irritent.

Tous ces produits ainsi que la fumée des cigarettes et des feux de cheminée sont susceptibles de déclencher chez les chats asthmatiques des crises pouvant être mortelles.

  • L’odeur de la litière souillée par les excréments le répugne. L’endroit sera impropre à son utilisation et votre chat ira se soulager dans des lieux inappropriés comme la douche, un coussin du canapé, un pot de fleur ou sur votre couette de lit.

L’odeur des urines semble quant à elle plutôt l’encourager à fréquenter son bac à litière contrairement à celles des matières fécales. Un bon sujet de réflexion en cas de malpropreté de votre animal.

Comme nos empreintes digitales sont spécifiques à chaque individu, l’aspect du nez est différent pour chaque chat (pigmentations variées dans les roses, les noirs et leurs répartitions). Le dénominateur commun est un flair hors pair qui lui sert pour sentir, s’informer et savoir si un aliment peut être ingéré sans danger.

L’odorat est un sens primordial pour notre félin car il intervient dans toutes ses activités. Privé de ce dernier, il est condamné à mourir.

Sources :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Flehmen

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ph%C3%A9romone

https://fr.wikipedia.org/wiki/Organe_vom%C3%A9ronasal

https://conseilsveterinaire.com/la-reaction-flehmen-connaissez-vous-cette-etrange-grimace-chez-le-chat/

La Voix des bêtes : le nez du chat, un instrument de prévision, n° 275 octobre 2021 – p.12-15

Cet article a été sélectionné et rédigé par le Dr CARRERE

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