Il a l’allure d’une souris géante, la taille d’un cochon d’Inde et des postures d’écureuil.

Ce rongeur à la fourrure douce est un NAC ou nouvel animal de compagnie apprécié des enfants comme des plus grands. Même si le chinchilla est un animal assez robuste, il n’est pas rare de le voir en consultation généralement pour des problèmes de santé liés à son alimentation ou ses conditions de vie.

Le chinchilla est un petit rongeur qui vit à l’état sauvage dans la Cordillère des Andes en Amérique du Sud entre 200 et 5000 mètres d’altitude. La souche domestique serait un croisement de deux espèces sauvages. Il a une durée de vie étonnamment longue pour un rongeur : 10 à 20 ans.

A quoi ressemble-t-il ?

D’aspect bréviligne (trapu), il mesure 35 à 50 cm. Son pelage est d’une douceur exceptionnelle. La couleur originelle de sa robe est le gris. Suite à de nombreux croisements et sélections, on rencontre aujourd’hui de nouvelle couleur : blanc, noir, beige, bleu, bicolore, velours brun, pastel …

Différencier un mâle d’une femelle

La femelle est généralement plus grosse que le mâle.

Chez le jeune, la distance entre l’anus et l’orifice génital est deux fois plus grande chez le mâle que chez la femelle.

Chez la femelle la vulve présente une papille génitale qui peut être confondue avec un pénis.

Chez le mâle adulte, les deux testicules sont palpables sous la peau de part et d’autre du pénis.

Quel est son caractère ?

Ce rongeur est un agréable petit compagnon qui se laisse manipuler et peut être affectueux s’il est socialisé à l’Homme depuis son plus jeune âge (2-3 mois). Dans le cas contraire, il devient farouche et méfiant.

Il a un tempérament vif, joueur et curieux. Son activité est naturellement crépusculaire et nocturne mais elle peut s’adapter à celle de son maître.

Il est un peu mordeur et a besoin d’être sécurisé car il est facilement stressé. Il n’est pas recommandé aux enfants âgés de moins de 8-10 ans et aux jeunes hyperactifs.

Lors de stress ou de manipulations excessives, ses poils tombent en touffes. De même, si l’enfant lui tire la queue, elle peut se sectionner d’elle-même.

Peut-il vivre seul ?

Le chinchilla est un animal très sociable qui aime et a besoin de vivre en groupe. Dans la nature ils vivent en groupes de quelques dizaines à une centaine d’individus, composés de cellules familiales qui partagent chacune le même terrier.

En captivité, il est recommandé d’en adopter deux plutôt qu’un sauf si vous avez beaucoup de temps dans la journée pour vous en occuper. Le couple peut être formé d’un mâle et d’une femelle, de deux femelles ou de deux mâles à condition qu’ils soient présentés jeunes ou, le mieux, qu’ils soient issus de la même portée.

Contrôler sa reproduction

La saison de reproduction des chinchillas court de novembre à mai. La maturité sexuelle intervient à 4-5 mois chez la femelle et plus tard 9 mois chez le mâle.

La femelle est polyoestrienne à ovulation spontanée. Son cycle sexuel dure de 30 à 40 jours. Elle a seulement 1 à 2 portées par an car sa gestation est longue (112 jours en moyenne) et elle met au monde 1 à 5 petits à chaque portée.

Les petits sont nidifuges : ils naissent velus, les yeux et les oreilles sont ouverts, les dents sont présentes, leurs mouvements sont coordonnés. La mère les allaite debout. Ils commencent à manger des aliments solides après une semaine et sont sevrés à 6 semaines.

Le contrôle de la reproduction d’un couple passe par la castration chirurgicale du mâle. La castration est conseillée si deux mâles qui vivent ensemble ne s’entendent pas.

Où l’installer ?

Les chinchillas peuvent vivre à l’intérieur ou à l’extérieur (dans une volière aménagée) car ils peuvent supporter des températures entre 0 et 25°C.

Dans la maison, l’idéal pour deux animaux est une grande cage spacieuse de minimum 2m de hauteur, 1,5m de longueur et 1,5m de profondeur. Elle doit être disposée en hauteur (le chinchilla stresse s’il y a du mouvement au-dessus de lui).

Pour son bien-être (il craint la chaleur), l’exposition directe à un radiateur ou au soleil est à éviter, il en est de même au courant d’air.

Il a besoin de grimper et sauter : plusieurs niveaux sont aménagés dans la cage avec des paliers, de grandes branches, mais aussi plusieurs cachettes, des tuyaux (Ø 10cm minimum), une roue d’exercice.

Le fond de la cage est recouvert de litière pour rongeurs, de paille et/ou de foin. La sciure, les copeaux de bois de résineux et les fibres synthétiques sont à éviter (risque d’ingestion). Le sol de la cage est nettoyé tous les jours.  

Peut-on le laisser en liberté ?

Le chinchilla est un animal curieux et attachant. Il serait dommage de le laisser 24 heures sur 24 dans sa cage. Comme il s’apprivoise facilement, on peut le sortir de sa cage pour le manipuler et le laisser en « liberté surveillée ».

La pièce est au préalable sécurisée, en particulier il faut veiller à mettre hors de portée les plantes vertes et les fleurs coupées et se méfier de la présence de chien ou de chat.

Il a besoin d’activités et de jeux : on peut placer dans la pièce ou dans sa cage des boîtes en carton, des rouleaux d’essuie-tout vides, un panier en osier naturel, des jouets pour perroquets, des branches d’arbres fruitiers…

Que lui donner à manger ?

Le chinchilla est un herbivore strict : dans la nature il se nourrit de plantes semi-désertiques et de fruits de cactus.

Il convient donc de lui donner :

  • Des granulés spécifiques pour chinchillas formulés avec des végétaux, minéraux, vitamines. Normalement il n’est pas nécessaire de rationner
  • Du foin de bonne qualité
  • Des fruits secs (noix, noisettes, graines de cynorhodon…) en friandises
  • Des branches d’arbres fruitiers

Il est possible de lui donner des fruits (pomme, poire, prune, fraise…) et légumes frais (concombre, carotte, courgette, feuilles de pissenlit, endive, navet…) mais avec parcimonie pour éviter les troubles digestifs : le chinchilla a un système digestif « délicat ».

Les aliments à éviter sont : chocolat (toxique), sucreries et aliments sucrés en général (diarrhées), lait (idem), pépins et noyaux des fruits, graines pour rongeurs (surpoids et diarrhées), blocs minéraux pour NAC (calculs urinaires).

Les soins d’entretien

Les bains avec shampoing sont déconseillés car le pelage du chinchilla est long à sécher. Pour entretenir sa belle fourrure soyeuse. Il a besoin de bains réguliers de sable, mais pas n’importe quel sable (et surtout pas un sable de plage). Les animaleries vendent un sable spécial pour chinchilla à la texture et la granulométrie proches des cendres volcaniques.

Ces bains de sable servent à éliminer l’excès de sébum et contribuent à son équilibre psychique : très excité par cette distraction, il adore s’y rouler. Ses narines se ferment hermétiquement pendant le bain grâce à un petit clapet.

On peut mettre du sable dans un bocal à poissons et lui offrir un bain une fois par jour pendant 15 à 20 minutes (lui ôter ensuite car il risque de le souiller avec ses déjections.

Il peut aussi être brossé régulièrement avec une brosse à poils souples. Ses griffes n’ont pas besoin d’être coupées, ni ses dents qui doivent juste être contrôlées régulièrement.

La contention

Le chinchilla mord rarement et il est facile de le manipuler. Très vite impressionné, il risque toutefois de perdre des touffes de poils ou, pire, de faire un arrêt cardiaque. Il convient donc de le manipuler avec beaucoup de douceur et sans geste brusque.

Les plus confiants peuvent être portés contre soi, une main enserrant le thorax, l’autre main portant l’arrière-train.

Pour l’immobiliser, prenez le d’une main au niveau du thorax, le pouce et l’index (ou l’index et le majeur) entourant son cou. L’autre main soutient l’arrière-train.

Attention à ne jamais le tenir par un pli de peau : à la suite d’une vasoconstriction réflexe, les poils chutent au niveau de la prise, ce qui provoque une alopécie localisée (perte de poils)

 La chute de poils

Une consultation s’impose car les causes sont multiples.

  • Le stress

Pour se défendre, le chinchilla peut perdre une touffe de poils, voire même un bout de queue (si on le prend par la queue). Il s’agit d’un phénomène naturel dont le but est d’échapper à un prédateur. Le problème est que le poil met de longues semaines, voire de longs mois, à repousser.

  • Le pica

Un mal-être pousse le chinchilla à mâchonner et tondre sa belle fourrure, surtout sur les flancs et sur le thorax. Une cage trop petite, une surpopulation, l’ennui, des dérangements réguliers, des tensions entre les animaux sont des facteurs déclenchants de ce trouble du comportement qui peut devenir un trouble obsessionnel compulsif difficile à traiter.

  • La teigne

Cette mycose due la plupart du temps à Trichophyton mentagrophytes se caractérise par des plaques alopéciques (sans poil) circonscrites, avec squames(pellicules) et croûtes, sur la face (museau, oreilles), les pattes, les flancs. Les lésions apparaissent souvent à la suite d’un stress (adoption …).

Une contamination humaine (zoonose), principalement de l’enfant, est possible. Le traitement antifongique est long. Il est conseillé de porter des gants pour manipuler l’animal et de traiter son environnement.

  • Les carences nutritionnelles

Une carence en acides gras insaturés donne une peau sèche et squameuse avec chute de poils.

Le prurit (il se gratte)

Les puliculoses (dermatoses provoquées par les puces) sont rares chez le chinchilla. La gale à Cheyletiella parasitivorax est souvent asymptomatique chez ce rongeur mais à l’origine d’une zoonose (petites croûtes sur les avant-bras du propriétaire) et aussi d’une contamination des autres animaux de la maison. Il faut suspecter sa présence si le chinchilla mâchonne sa fourrure, se gratte et présente des squames.

Une alimentation déséquilibrée et/ou l’absence de bains de sable peuvent aussi entraîner des problèmes cutanés avec un prurit plus ou moins marqué.

Des carences en vitamine A (granulés mal conservés), en acides gras essentiels, en vitamine E, en choline et en méthionine donnent une fourrure terne, sèche ou grasse et qui démange.

La malocclusion dentaire

Le chinchilla possède 20 dents dites à racine ouverte, c’est-à-dire à pousse continue, d’où son besoin de ronger en permanence.

Une malocclusion buccale est due à une pousse excessive des dents en l’absence d’une usure normale. Chez le chinchilla, elle peut concerner les incisives, les prémolaires, les molaires ou être mixte.

Tout facteur externe (alimentation qui ne favorise pas l’usure, manque d’aliments) ou interne (douleurs, lésions dentaires, carences, affections diverses diminuant l’appétit, anomalies dentaires …) qui compromet une usure normale des dents engendre un cercle vicieux, l’animal n’arrivant plus du tout à s’alimenter. L’évolution est fatale.

Chez le chinchilla comme chez le lapin, il existe des malocclusions dentaires familiales dues à un mal positionnement des dents. C’est pourquoi il est déconseillé de faire reproduire des individus atteints de malocclusion.

Comme chez le lapin et le cochon d’inde, les premiers signes sont une baisse de l’appétit et un ptyalisme (hypersalivation) avec un menton et un poitrail souillés par la salive. L’animal a une mauvaise haleine. On observe une atteinte de son état général avec un poil terne. Ses selles sont molles. Si ses incisives sont anormalement longues, la gueule est semi-ouverte. Il est difficile de visualiser l’état des molaires car l’ouverture buccale est limitée. Il y a urgence et le traitement est identique à celui préconisé pour le lapin.

La prévention est essentiellement alimentaire et passe par un examen régulier des dents.

La diarrhée

Les selles normales du chinchilla sont ovales, de 0,5 à 1 cm de long et non collantes. Quand il présente une diarrhée (selles collantes ou selles liquides), une hospitalisation avec réhydratation s’impose car l’évolution péjorative est rapide.

Les origines sont multiples :

  • Alimentaires avec perturbation de la flore digestive : changement alimentaire brutal, surconsommation de graines, ingestion de plantes toxiques, friandises en excès, aliments gras ou sucrés … ;
  • Parasitaires (Giardia) ;
  • Infectieuses (surtout en élevage) ;
  • Due à des antibiotiques : des molécules couramment prescrites aux carnivores domestiques sont toxiques chez le chinchilla : pénicillines, ampicilline, céfalexine, chloramphénicol, métronidazole, lincomycine, clindamycine, érythromycine, macrolides, certaines céphalosporines … L’automédication doit être fortement déconseillée.

La constipation

On parle de constipation lors d’absence de selles mais aussi quand les selles sont très petites, dures et sèches. Une alimentation pauvre en fibres (pas assez de foin ni de légumes), un manque d’exercice physique et/ou la présence de trichobézoards (boules de poils) dans l’estomac sont des causes possibles.

Une consultation est indiquée. Dans les cas bénins, l’administration de pâte à base d’huile de paraffine (pour chat) peut être tentée.

Coup de froid

Le chinchilla surtout jeune est sensible aux courants d’air. Il risque aussi une hypothermie après un bain car son poil met beaucoup de temps à sécher. Il peut souffrir d’affection de la sphère ORL (éternuements, jetage, difficultés à respirer) qui évolue rapidement en pneumonie fatale. La surpopulation, l’humidité excessive, l’absence de ventilation sont des facteurs péjoratifs.

Inversement, ce petit rongeur est également sensible au coup de chaleur en raison de sa fourrure dense et de l’absence de glandes sudoripares. Il se sent mal dès 26° C puis montre rapidement des signes d’hyperthermie (respiration accélérée la bouche ouverte, tremblements, décubitus ou corps allongé à l’horizontal, léthargie, désorientation …). Il faut conseiller d’envelopper l’animal dans une serviette humide avant de l’emmener en urgence à la clinique.

Administrer un médicament

L’injection intramusculaire est déconseillée chez le chinchilla en raison du risque élevé de myosite. L’injection intraveineuse est non réalisable et celle sous-cutanée est possible sur le dos et les flancs avec tout de même un risque de dépilation locale.

La façon la plus simple est encore d’administrer le médicament directement dans la gueule à l’aide d’une seringue, soit dans de l’eau, soit dans une purée de légumes ou de fruits. Pour la contention, privilégiez la technique de la serviette (le tissu enveloppe le corps de l’animal) en couvrant ses yeux d’une main.

 Sources : La Dépêche Vétérinaire n° 115 de janvier 2016 et n° 116 de février 2016 / Supplément ASV

Cet article a été sélectionné et rédigé par le Dr CARRERE

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