Alimentation du furet

Comment choisir ?

Le furet est un carnivore strict de la famille des mustélidés. A l’état sauvage, c’est un chasseur de lapins, de petits rongeurs et d’oiseaux qui ne consomme jamais spontanément de végétaux. Son tube digestif n’est pas adapté pour digérer les glucides ou les fermenter (pas de valvule iléo-cæcale, peu d’enzymes digestives, côlon court). A l’état sauvage, la fréquence des repas est liée à l’abondance et au volume des proies chassées. Le furet stocke les proies lorsqu’elles ne sont pas consommées immédiatement et peut se contenter de 2 à 3 repas par jour.

Besoins nutritionnels

En captivité, on peut estimer qu’un furet a besoin de 200 kcal/kg/jour. Le besoin énergétique (BE) est majoré (x 1,2) ou minoré (x 0,8), respectivement, si le furet vit à l’extérieur ou s’il est stérilisé et sédentaire, par exemple. Le BE est entièrement couvert par les apports protéiques et lipidiques. Le besoin protéique est de 20 à 30 g/kg/jour et couvre les besoins en acides aminés essentiels comme la taurine ou l’arginine. L’apport en lipides représente la moitié du BE et couvre les besoins en acides gras essentiels.

Le besoin glucidique est négligeable dans cette espèce, la néoglucogenèse étant très efficace. La consommation de la peau et des phanères des proies fait office de lest digestif.

Le rapport phosphore/calcium est de 1,2 à 1,7. Si la viande est le seul aliment, une complémentation calcique doit systématiquement être apportée. 

BARF, alimentation industrielle ou ration ménagère ?

Le furet est souvent une victime du BARF (Biologically Appropriate Raw Food ou Bone And Raw Food) mal conduit. Derrière ce terme se cache le plus souvent un rationnement à base de viande ou carcasse, d’os et d’abats, de sous-produits d’abattoirs, additionnés d’un peu de levure de bière. Les ingrédients et quantités sont imprécis, la qualité des produits est généralement discutable. L’équilibre nutritionnel n’est ainsi pas respecté et les carences en calcium, minéraux et vitamines (A, B et E par exemple) sont nombreuses et pratiquement impossibles à compenser. Malheureusement, ce type de nutrition peu coûteuse est plébiscité par certains passionnés, malgré l’absence de fondement scientifique.

L’alimentation par des croquettes, même de bonne qualité et théoriquement adaptées aux furets, n’est pas non plus la panacée. Les croquettes sont généralement trop caloriques et favorisent l’obésité si elles sont distribuées à volonté. L’ENA (extractif non azoté) ne doit pas excéder 15-20 %/MS sous peine de solliciter de façon excessive le pancréas et de favoriser le développement d’insulinome. La teneur en cendres doit être la plus faible possible afin d’éviter le développement ultérieur d’urolithiase. Les protéines doivent être d’origine animale et la qualité de la viande doit être étudiée au travers de la lecture attentive de la liste des ingrédients (véritables filets de viande ou sous-produits d’abattoirs ?).

L’alimentation industrielle humide premium (pâtée pour furet ou pour chaton de bonne qualité, à formule fixe) peut parfaitement convenir. Il faut choisir un produit dont la densité énergétique est adaptée ainsi qu’un apport minime en ENA et en fibres. On recherche la composition suivante : protéines 35-65 %/MS, lipides 25-40 %/MS, ENA <10 %/MS, cendres brutes <2 %/MS, matières minérales 5-9 %/MS, Ca/P : 1,2-1,7, densité énergétique >1kcal/g. Ce type d’alimentation est donc adapté au furet mais son coût est élevé et le dépôt de tartre est favorisé.

Pour limiter ce phénomène, il est possible de favoriser la mastication du furet en lui proposant une à deux fois par semaine des cous de poulet crus sans la peau (10-15 g).

La ration ménagère, telle qu’établie par le Dr Géraldine Blanchard (www.cuisine-a-crocs.com), est idéale en termes d’équilibre nutritionnel. Il est en effet possible de respecter le BE en fonction des différents stades et modes de vie du furet, de limiter l’apport de fibres et de glucides, de choisir les sources de protéines et de lipides et de prendre en considération les goûts et les affectations du furet. La complémentation minérale et vitaminique est systématiquement effectuée par un complément sans phosphore : le Vit’i5 Little Ca® est les actuellement le seul adapté.

Exemples d’une ration ménagère d’après G. Blanchard et A. Linsart :

             – pour un furet à l’entretien : 110 g steak haché 5% de MG + 5 ml huile de colza avec +/- 0.5 ml d’huile de poisson riche en oméga 3 si l’animal en apprécie le goût + 3 g de Vit’5 little Ca + 1-2 g son de blé

            pour un furet en croissance, en fin de gestation, en lactation, en convalescence : 120 g steak haché 15 % de MG (ou échine de porc ou viande maigre d’agneau) + 5 ml huile de colza avec +/- 0.5 ml d’huile de poisson riche en oméga 3 si l’animal en apprécie le goût + 4 g de Vit’5 Little Ca + 1-2 g son de blé

Les principaux écueils de la ration ménagère sont, comme dans toute alimentation carnée, les risques sanitaires (rupture de la chaîne du froid) et l’observance par les propriétaires. En effet, il n’est pas rare qu’après quelques mois, les propriétaires suppriment la complémentation vitaminique et minérale jugeant qu’elle n’est pas indispensable, ce qui peut aboutir à des carences subcliniques difficiles à mettre en évidence si un questionnaire alimentaire n’est pas correctement mené à chaque consultation. Enfin, les rations ménagères ne permettent pas une bonne hygiène dentaire, comme dans le cas des aliments industriels humides et un morceau de cou de poulet, sans la peau peut être proposé à rogner une à deux fois par semaine.

Les goûts alimentaires du furet sont fixés très tôt (4-6 mois) et il est souvent difficile de les faire évoluer. Une transition alimentaire doit toujours être suivie par le vétérinaire et s’effectuer sur une dizaine de jours.

Les friandises industrielles, à base de céréales, sont déconseillées car elles contiennent beaucoup trop de glucides. Il convient de ne recommander que des produits à base de matières grasse (Pâte furet Beaphar®, Ferretone®).

L’alimentation du furet de compagnie est donc un débat toujours ouvert. Aucune ration industrielle n’est optimale mais, bien choisie, elle ne provoque pas de catastrophe alimentaire et permet d’assurer convenablement la couverture des besoins nutritionnels. L’idéal est sans doute de pouvoir conseiller aux propriétaires une transition vers une ration ménagère équilibrée et variée, mais attention : elle n’est pas appréciée de tous les furets et, mal conduite, elle peut déboucher sur des tableaux carentiels graves, elle s’adresse donc à un public bien informé.

Sources : L’ESSENTIEL n°391 du 10 au 16 décembre 2015 – Dr Caroline Siméon

 Cet article a été sélectionné et rédigé par le Dr CARRERE

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