Un examen clinique et radiographique a été mené chez 167 lapins. Chez les lapins de 3 ans et plus, 82,3 % présentent une maladie. Les pathologies les plus fréquentes touchent les dents, la colonne vertébrale et la peau.
Apparemment sains d’après leur propriétaire, plus de 70 % des lapins de compagnie présentent en fait une pathologie, décelée à l’examen clinique ou par radiographie. La proportion de « malades » dépasse même 80 % après l’âge de 3 ans.
Ces chiffres étonnants sont issus d’une étude réalisée en Finlande sur 167 lapins de particuliers ou éleveurs amateurs, publiée dans le Veterinary Record du 24 octobre.
Le lapin commun, Oryctolagus cuniculus, est désormais populaire comme animal de compagnie, globalement en Europe et en France en particulier. L’échantillon étudié se compose de 17 races, dont une majorité de béliers nains (47) et de croisés (43).
45 % d’anomalies dentaires
Un examen clinique complet a été effectué chez tous les animaux, ainsi que des radiographies, par le même clinicien de l’hôpital vétérinaire universitaire d’Helsinki.

Les résultats montrent des anomalies, parfois graves, chez 118 individus. La plus fréquente est la maladie dentaire 67 cas dont 36 visibles à l’examen clinique. Les lapins âgés de plus de trois ans et la race tête de lion étaient significativement plus atteints.
En ajoutant les cas de malocclusion et hypodontie, la prévalence des anomalies dentaires s’élève à 45,5 %.
Et 30 % d’atteintes du rachis
Les atteintes de la colonne vertébrale se situent en seconde position (32,1 % des lapins) déformations ou lésions dégénératives (spondylose, calcification discale, etc.).
Les pathologies cutanées complètent le podium (28 lapins : 10 cas de squamosis dont 5 associés à une cheyletiellose).
Pathologies associées
Certains individus cumulent plusieurs atteintes, potentiellement liées. Sur les 8 présentant un écoulement oculaire, 7 cas présentent aussi une maladie dentaire.
Chez 45,5% de l’effectif, des troubles ont été décelés à l’examen clinique. 63% présentent des anomalies radiographiques, en plus de l’examen clinique pour 37,7 %.
Maladies gériatriques dès 4 ans
Passé trois ans, la prévalence globale des affections augmente significativement pour atteindre 82,3 %. Outre la maladie dentaire, l’arthrose, les lésions dégénératives du rachis et les calcifications abdominales sont plus fréquentes dans cette catégorie.
Le lapin est considéré comme âgé dès 4-5 ans pour les races naines et géantes, plutôt 7 ans dans les races moyennes où l’espérance de vie est plus longue.

Un comportement de proie
Malgré la gêne ou la douleur associée aux lésions, les propriétaires n’avaient pas signalé de symptôme. Trois lapins présentent ainsi une ancienne fracture osseuse cicatrisée, un autre, une rupture de tendons. Cette atteinte silencieuse pourrait s’expliquer par le comportement naturel de l’animal visant à dissimuler la maladie pour échapper à ses prédateurs en milieu sauvage, comme observé pour d’autres espèces domestiques dont les ruminants.
Mais l’absence d’expression clinique retarde aussi la présentation de l’animal en consultation. Les auteurs de l’étude préconisent donc de conseiller un bilan de santé régulier des lapins de compagnie, surtout à partir de 3 ans.
Des biais probables, dans les 2 sens
Ils reconnaissent toutefois de possibles biais liés au protocole d’étude. Les propriétaires y participaient sur un mode volontaire, ce qui pourrait favoriser des personnes plus consciencieuses et attentives à l’état de santé de leur animal. Inversement, la gratuité de la visite et des examens a pu attirer des personnes suspectant une maladie chez leur animal, mais sans le mentionner pour être incluses.
Enfin, la détection des pathologies est techniquement limitée par le choix de réduire les examens complémentaires à deux clichés radiographiques, tête et abdomen de profil. Ni l’intégralité de la colonne vertébrale, ni le conduit auditif, notamment, n’ont été scrutés. Aucune recherche de maladie infectieuse n’a été menée.

En conclusion, les lapins sont extrêmement discrets quant à l’expression de leur pathologie : il pourrait être intéressant de pratiquer au moins une fois par an, surtout à partir de 4-5 ans une consultation vétérinaire.
Sources : Mäkitaipale J et al. Health survey of 167 pet rabbits (Oryctolagus cuniculus) in Finland. Veterinary Record. Vol 177 n° 16 (24 Oct.2015) : p418
Cet article a été sélectionné et rédigé par le Dr CARRERE