La stérilisation chirurgicale du furet

La stérilisation chirurgicale et son paradoxe, la maladie surrénalienne ou son alternative : la pose d’implant

La stérilisation chirurgicale est une pratique courante chez le furet.

Celle-ci s’avère être indispensable pour la santé des femelles non reproductrices, qui ont une ovulation induite par l’accouplement.

Les chaleurs persistantes en l’absence de saillie conduisent à une hypersécrétion des œstrogènes et à l’aplasie médullaire (arrêt du fonctionnement de la moelle osseuse) induisant une anémie fréquemment mortelle.

A l’inverse chez le mâle, il s’agit d’une opération de convenance, car elle n’a aucune indication médicale. Elle permet juste chez ces derniers de ne plus avoir de période de rut et d’éviter ainsi les fortes odeurs, les marquages et les comportements sexuels caractéristiques de cette période chez le mâle entier.

Elle permettra aussi de diminuer l’agressivité intra-spécifique, surtout envers les autres mâles, mais pas l’agressivité envers l’humain, le furet étant au contraire plutôt tendre avec ses maîtres durant le rut. Il ne faut pas confondre le comportement de la période de rut et une agressivité simplement due à une mauvaise éducation.

Aux USA, la stérilisation est quasi systématique et pratiquée précocement (4-6 semaines) avant que les animaux n’arrivent en animalerie. En Europe elle est généralement plus tardive : les furets sont vendus souvent entiers et stérilisés par la suite.

Cette constatation est par contre en évolution dans d’autres pays qui importent de nombreux furets de fermes d’élevage, stérilisés précocement.

La maladie surrénalienne du furet est caractérisée par une hypersécrétion d’hormones stéroïdes d’origine surrénalienne.

Symptômes

Les signes cliniques de la maladie surrénalienne sont généralement assez similaires et constants.

Une alopécie ou dépilation symétrique, bilatérale, pouvant être localisée à l’arrière train, les flancs, le dos, la tête, ou pouvant devenir totale, est le symptôme le plus évocateur.

L’œdème vulvaire (signe de chaleurs) chez la furette stérilisée ou un comportement sexuel chez un mâle castré est également fréquent. D’autres symptômes, moins constants peuvent être présents : amaigrissement, amyotrophie, abattement, prurit, finesse de la peau, affection prostatique, pyomètre …

Notons que ces symptômes peuvent être discrets et saisonniers au départ.

Par exemple, les pertes de poils sur la queue en période de reproduction peuvent être des signes précurseurs d’une maladie surrénalienne débutante.

Épidémiologie

La maladie surrénalienne est une affection très fréquente, notamment aux USA puisqu’elle représente jusque 25 % des motifs de consultations dans ce pays.

Cette affection s’avérait très rare en Europe par le passé, mais à l’heure actuelle, elle est de plus en plus observée.

En revanche, dans certains pays comme l’Angleterre, où les furets sont le plus souvent gardés entiers, logés en extérieurs, individuellement, et nourris avec une alimentation carnée fraîche, l’incidence est quasi nulle.

Ces observations vont conduire à s’orienter vers différentes pistes pouvant expliquer une incidence si différente de la pathologie entre les pays.

Principales causes de la maladie

Cette affection ne touchant presque exclusivement que les furets stérilisés, le rôle de la stérilisation dans l’apparition de ces désordres semble maintenant relativement clair.

De plus, le rôle de la photopériode (durée d’éclairement), semble lui aussi tout à fait envisageable et logique lorsque l’on observe les interactions hormonales du furet. Le rôle de la photopériode peut aussi permettre d’expliquer les quelques cas existants de furets non stérilisés atteints.

Une prédisposition génétique semble aussi tout à fait évidente, et fait l’objet actuellement de recherches.

Il semblerait que l’on puisse incriminer l’intervention d’un gène suppresseur de tumeurs, dans l’apparition des néoplasies hormonales très fréquents chez le furet, comme cela est le cas chez l’homme.

S’ils sont défectueux, certaines cellules ne sont plus protégées et peuvent subir la mutation en cellule cancéreuse en présence d’un facteur déclenchant.

C’est à ce moment-là qu’interviendrait le rôle de la stérilisation et de l’excès d’une certaine hormone dans l’apparition des maladies surrénaliennes.

Ces diverses pistes montrent que cette affection est sans aucun doute d’origine multifactorielle et qu’il convient de ne pas négliger cet aspect.

Le rôle de la stérilisation

La maladie surrénalienne s’observe presque exclusivement chez les furets stérilisés.

De plus la maladie a une incidence très élevée aux USA où la grande majorité des furets sont stérilisés précocement, alors que l’incidence est faible voire presque nulle dans un pays comme l’Angleterre où les furets sont pour la plupart gardés entiers.

L’apparition, de la maladie n’est en revanche pas liée au sexe.

On retiendra qu’il y a une corrélation linéaire entre l’âge de la stérilisation et l’âge d’apparition de la maladie surrénalienne et que l’intervalle entre ces deux événements est de 3,5 ans en moyenne.

Étant donné le rôle de la stérilisation dans l’apparition de maladie surrénalienne, il convient donc d’éviter la stérilisation systématique des furets et si l’on doit le faire, il est recommandé de le faire le plus tard possible et au moins après la première saison de reproduction.

Mais cela soulève le problème des femelles qui risquent l’anémie aplasique et la mort si elles restent en chaleurs, et ce risque est bien plus important que le risque de maladie surrénalienne.

Il est donc intéressant et tout à fait utile de trouver des alternatives à la stérilisation chirurgicale dans cette espèce.

 Alternative à la stérilisation chirurgicale : les implants

Le principe de ses implants est basé sur la libération continue d’agonistes de l’hormone responsable du développement de la maladie. Il s’agit d’implants cylindriques, tout à fait similaires à une puce électronique, se plaçant comme cette dernière, par voie sous-cutanée.

Ils sont biocompatibles et ne nécessitent pas d’être retirés. Si l’animal est un peu difficile à manipuler un petit flash d’anesthésie gazeuse est préconisée pour que la pose de l’implant se passe en douceur.

Il en résulte une incapacité à synthétiser et/ou libérer les hormones responsables du maintien de la fertilité.

Cela entraîne donc une inhibition de la libido, de la fonction des organes génitaux, de la spermatogénèse et une diminution des taux plasmatiques en hormones sexuelles. Une augmentation transitoire, de courte durée du taux d’hormones sexuelles plasmatiques, après la pose de l’implant peut être observée.

L’usage répété ne semble donc poser aucun problème et cette technique semble très sûre.

Une étude a montré également l’efficacité des implants dans le traitement palliatif de la maladie surrénalienne. L’effet était cependant réversible et les symptômes réapparaissaient en moyenne après 13 mois (pour un implant de 3 mg).

En revanche, l’effet bénéfique de cet implant joue sur la diminution des symptômes, mais pas sur les tailles des tumeurs ou la croissance de celles-ci. Il s’agit cependant d’une option prometteuse dans le traitement palliatif de cette pathologie, notamment dans le cas où la chirurgie est impossible.

La libido et les comportements associés au rut étaient inexistants. La taille des testicules s’avère extrêmement faible (quelques millimètres). Il est intéressant de remarquer que l’odeur du mâle était considérablement diminuée et semblait même plus faible que celle d’un mâle castré.

Une augmentation des hormones sexuelles transitoire après la pose de l’implant est fréquente. En effet, il a été observé que le comportement de rut et l’odeur du mâle était augmentés dans les semaines suivant l’implantation et que ceux-ci diminuaient ensuite pour devenir presque nuls.

La durée estimée des effets de l’implant est en moyenne de 1 à 2 ans pour les implants de 4,7 mg (il semble que l’effet soit plus long avec les implants de 9.4 mg).

Conclusion

L’utilisation des implants semble ouvrir des horizons nouveaux dans la prévention de la maladie surrénalienne du furet puisqu’elle a les effets de la stérilisation attendus par les propriétaires, mais sans avoir des effets hormonaux jouant un rôle dans l’apparition de la maladie surrénalienne du furet.

Cet article a été sélectionné et rédigé par le Dr CARRERE

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